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PME innovantes : 6 bases pour aller plus loin, vers la R&D




A en croire les médias, l’ingrédient essentiel pour booster la réussite de nos PME réside dans l’innovation. Généralement moins disparate que sa complémentaire l’Innovation, et plus encadrée et longue dans le temps, la R&D est aussi, de toute évidence, un levier primordial pour soutenir la compétitivité de l’entreprise. Et bien que l’innovation puisse émerger de tous les corps d’un groupe, la R&D, elle, ne s’improvise pas. Or, l’amalgame entre R&D et innovation est bien vite fait.


Un constat général de mes expériences passées concerne cette confusion courante entre Innovation et R&D, et de fait, les difficultés de mise en place de ressources adéquates dédiées à la R&D. C’est une activité protocolaire, certes, mais qui n’est pas l’apanage des seuls grands groupes. Mais comment entretenir une culture R&D en PME ou en TPE ? Je propose 6 pistes pour s'assurer un climat propice à son développement.


1- Faire le distinguo


Selon le manuel de Frascati : « La recherche et le développement expérimental (R&D) englobent les travaux de création entrepris de façon systématique en vue d’accroître la somme des connaissances, y compris la connaissance de l’homme, de la culture et de la société, ainsi que l’utilisation de cette somme de connaissances pour de nouvelles applications ». Le but de la R&D est donc la découverte et l’application de connaissances nouvelles. Elle demande des opérations généralement coûteuses en temps, des séries d’itérations, de répétitions, d’observations et de conclusions. Ce temps varie selon les secteurs d’activité. On distingue d’ailleurs la recherche fondamentale (qui n’est pas que le fait des académiques !), la recherche appliquée et le développement expérimental.


L’innovation peut émerger des travaux de R&D mais pas obligatoirement. Elle concerne la mise au point d’un produit, d’un service, d’un procédé ou d’une stratégie. Elle peut avoir pour origine l’apprentissage par la pratique, l’imitation ou l’achat de technologie, ou l’adaptation d’un produit/service à un nouveau marché, les relations avec les clients, les fournisseurs, etc. Ce n’est pas que l’invention nouvelle qui fait l’innovation mais la société, les moyens, les personnes, les organisations qui choisissent de l’adopter ou pas. C’est une activité transversale qui peut venir de l’extérieur de la société alors que la R&D est interne.


Pour bien faire le distinguo, il faut de se rappeler que la R&D dissipe des incertitudes scientifiques ou technologiques en adressant des challenges scientifiques et en créant des connaissances.


2- Créer un cocon humain


Promouvoir l’innovation dans une société c’est mettre en place une culture, des formations, des systèmes de rétribution qui favorisent l’innovation interne et l’intrapreneuriat (mise en place de rencontres entre départements et services, outils collaboratifs pour l’innovation, etc.). Mais pour la R&D, comment instaurer un mindset R&D en PME/TPE ? Comment entretenir un département dédié à la R&D ?


Les grands comptes industriels ont généralement des processus bien rodés pour soutenir un département de R&D. Mais ce n’est pas le cas pour une PME/TPE qui doit se doter de personnes polyvalentes, ne pouvant consacrer qu’un temps limité à des opérations de R&D. Car cela nécessite de libérer un lieu et un temps à l’exploration et l’épreuve de nouvelles perspectives. C’est une activité éminemment créative qui requiert des conditions moins contraintes que dans le cas d’un projet de développement classique. Enfin, la R&D étant très sensible au facteur humain, il est essentiel de préparer un environnement animé, motivant et valorisant les savoir-faire.


3- Nouer des relations de confiance avec la recherche publique


Les laboratoires de recherche publique et les entreprises sont complémentaires. Alors que les uns s’attaquent souvent à des problématiques très exploratoires, les autres offrent des cas d’application concrets des connaissances générées. Les partenariats créés dans ce cadre dynamisent les territoires et l’économie. Les laboratoires de recherche peuvent en outre donner accès à des dispositifs matériels dont le coût serait conséquent pour la PME/TPE mais également à des experts reconnus pour booster des projets de recherche.

De plus en plus de programmes sont proposés par les acteurs de l’éco-système de la recherche et de l’innovation (pôles de compétitivité, clusters, etc.) pour multiplier les liens et les formes de partenariats public-privé (thèses CIFRE, chaires, transferts de technologie, projets R&D, etc.). Même les plus frileux peuvent trouver une formule adaptée à leurs besoins.


4- Se confronter aux communautés scientifiques


Les plateformes de partage via Internet nous livrent aujourd’hui pléthore d’articles scientifiques de qualité pour nourrir la créativité de la PME/TPE en recherche d’une nouvelle approche. Il serait dommage de s’en priver !

De même, les colloques scientifiques sont l’occasion de rencontrer des pairs et d’élargir son réseau, de s’intéresser à des problématiques émergentes, d’identifier des niches voire de laisser vagabonder son imagination. C’est un terreau riche pour qui se donne la peine de s’y plonger. Et une fois les travaux de recherche lancés, c’est l’occasion de partager des observations avec sa communauté et de rendre visible son activité dans des communications prestigieuses.


5- Définir ses priorités stratégiques


La stratégie de l’entreprise est capitale. Ainsi la gouvernance des problématiques de recherche traitées et son évolution doivent suivre un positionnement stratégique clair et partagé par l’équipe. L’idéal est, bien sûr, de porter une vision claire et long terme des objectifs de performances à atteindre dans des conditions de mises en œuvre déterminées et d’en décomposer des thématiques et étapes de recherche. De toute évidence, les résultats de recherche étant incertains, il s’agit de se donner les moyens de répertorier l’ensemble des foisonnements successifs abordés et abandonnés pour réorienter ou relancer les opérations de R&D, toujours dans l’objectif général.


6- Avoir conscience des difficultés mais aussi des atouts


La recherche adresse des problématiques du cœur de métier de l’entreprise et son positionnement est d’abord technologique ou scientifique. En effet, il faut avoir conscience de son coût élevé, de sa complexité et du risque que l’on est prêt à prendre. Car l’on ne trouve pas toujours ce que l’on recherchait et les activités de R&D peuvent parfois être incompatibles avec des objectifs de mise sur le marché rapide, en particulier dans les deep techs. Pour autant, il faut aussi se rappeler que c’est précisément parce que la PME/TPE est généralement flexible, et par nature plus agile qu’un grand groupe, que les conditions de développement de la culture R&D peuvent être adoptées et appliquées.


Enfin, choisir d'entretenir sa R&D, c’est aussi se donner le droit à l’échec car il s’agit d’un processus inhérent à la recherche elle-même.

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